Du peuple intérieur
Par domcorrieras, le vendredi 27 mai 2022 - Poèmes & chansons - lien permanent
Du peuple intérieur heureux dans la connaissance
des Nombres
S'exprime l'huile sur mes os, — toute une roche
dans la foudre
Et l'intelligible toison du grand bélier blanc de
l'été
Comme de l'Afrique à l'Asie une seule arche
d'herbe pure
Stable et fumante sous le sang jusqu'aux mutations
du monde
Trempée avec la haine est maintenant la Terre
solennelle
Dans la salive et l'iode et le sel rouge de la nouvelle
Lune
Pour que le pain mûrisse sur l'Égypte avant les
neiges mortes
Et que du nom de la pierre sacrée soit dans le
Dieu nommé
L'homme vers l'homme. O bouclier d'oiseaux,
de soleils et de fleuves !
La mer entre par l'arbre — et dans l'oreille ouvrant
la haute vigne
La prophétise forte, et prompte, et fabuleuse
sur les eaux.
Salubre est à la langue la résine vivante de
Juin
Et soudain la joie comme un coq sur la table du
sacrifice.
O que porte à présent mon corps cette Femme
peinte à la tête
De taureaux noirs, et ointe du laitage acide de
l'Esprit
Comme autour d'elle la rose des plantations
du ciel
Pour que mon corps tourné vers Chanaan porte
Dieu dans le sien !
C'est fontaine au Désert et devant moi le feu
comme un lion
Dans l'or exact en marche vers les près de viandes
et de vins
Et la profonde Ville. Ah ! qu'en ce lit aux lois
mystérieuses
Sédimenté de fruits et de froment se consomment
les Noces
Et la filiation, — et qu'à mon tour saisi du vent
royal
J'aie force avec la Femme armée des quatre Livres
du printemps
D'enfanter sa semence et le Dieu qui l'épouse !
— O pays verts,
O fêtes sur la mer où croît toute l'achitecture
sainte
Et près des dolmens blancs scellés pour la proche
nuit de la gloire
La résurrection des corps frappés par l'Eau et
la Parole !
Jean-Claude Renard