En amant vrai et fidèle
Par domcorrieras, le mardi 3 mai 2022 - Poèmes & chansons - lien permanent
En amant vrai et fidèle,
Si vous aviez la planète
A vos pieds, je ne crains pas
Qu'avec la même confiance
Nul autre jamais vous aime ;
Mais par trop de dureté
Vous allez désespérer
Ma joie et mon espérance.
Daignez me récompenser
D'avoir si longtemps aimé.
Ah ! Félons que j'ai servis
Me plaignant de vilenie,
De causer tant de souffrance
Aux amants pleins de vaillance
Cesserez-vous donc, mauvais ?
Nenni, il en est ainsi :
Vilain oiseau, vilain cri,
Et Félons, malveillance ;
Jamais de vase pourri
Un doux parfum n'est sorti.
Il n'est pas un seul ennui,
Quand je songe aux yeux si vifs
Et à la douce apparence
De ma dame, que n'oublie
Au milieu de mes souffrances ;
Et rien tant ne me ravit
Que son souvenir joli
Et sa suave présence ;
Que j'en oublie de parler.
Madame, je ne peux plus
Supporter les maux d'amour,
Et je ne suis plus au point
De mourir, mais à la mort,
Et c'est pourquoi je me tais ;
Car je suis anéanti
Et j'ai le cœur si serré
Par votre grande insouciance
Que, si vous n'avez pitié,
Vous l'aurez bientôt brisé.
Comme Février et Mai
Comme rubis et diamant,
Rien n'égale sa beauté ;
Je meurs d'être séparé
De celle qui est ma joie
Désormais tout est fini
Et son règne s'abolit,
Si elle ne veut donner
A son ami la raison
Qui confonde les félons.
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Si longue soit la durée
Qu'elle mette à m'accepter
Je ne pourrai oublier
L'amour que je veux garder,
Tant m'est chère
Celle qui m'a subjugué
Et me retient à son gré.
Mon bel amour m'a laissé
En périlleuse contrée
Ah ! Champagne fortunée,
Que ne suis-je chez vous né ?
Plus aisée
Serait ma peine à supporter
Au milieu de gens sensés.
Mon amour est si ancré
En mon cœur loyal et droit
Qu'il me plaît de prendre en gré
Ce qui doit me tourmenter :
Sans prier
Je ne sais que me donner
Sans orgueil et sans débat.
Mon désir m'a bien trompé
Quand ma dame il m'a montrée.
Je pensais être exaucé
Bien vite ; et je prie encore.
Ce penser
On ne pourra me l'ôter
Quoi qui me soit refusé.
Douce dame désirée
Près de qui je n'ose aller
Pour les malintentionnés
Qui sont toujours coutumiers
De guetter
Les amants et d'intriguer ;
Dieu les fasse peu durer !
A Sailly, sans plus tarder
Va, chanson, pour divertir
Gui, qui connaît ma pensée,
Des échos de mon désir ;
Au verger
Où nous étions tous les deux
Par ma joie renouvelée.
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Ma présomption et mes folles pensées
Me font chanter, et je ne sais pourquoi,
Sinon pourtant que je l'ai regardée ;
Mais l'ayant vue, est-elle plus à moi ?
C'est la Cocagne que j'aurais trouvée,
Si m'est donné toujours ce que je vois ?
J'en suis bien loin, mais mon cœur en effroi
Nourrit l'espoir que ce chant m'a soufflé.
Je chante et j'aime, et si elle m'agrée
Pour mes tourments, c'est que je suis sa loi.
Jamais l'Amour par moi ne fut trompé ;
J'aime et je sers dans la crainte et la foi.
Si elle avait été plus mesurée
Et qu'elle n'eut voulu trahir ma foi,
Elle aurait su bientôt trouver en moi
Ce que le comte en Lorraine a trouvé.
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Gautier d'Épinal / 3 chants in Trouvères Lorrains - La poésie courtoise en Lorraine au XIIIe siècle
Transposition en français moderne par Jacques Kooijman