« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

AU MATIN


 

 

     Je suis habitant de la mort idiote     la tête comme

un porridge

 

     Les oiseaux s'envolent     à l'avoine noire de fumée (il

est quatre heures, il est cinq heures)

 

     Les arbres s'habillent de fond en comble

 

     Dans mon bol des archipels de boue noire     qui fondent

 

     Je bois tiède

 

     L'église, le sable, le vent irrésolu

 

     J'avance d'une ligne, à deux doigts

 

     Je voudrais nous coucher tête-bêche

 

     Tes yeux sur ma bouche     à la place de ce rien.

Jacques Roubaud
Photo : Jacques Roubaud © Emmanuelle Marchadour