« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

BLUES 9


 

 

À Marsiho

l'été est froid

l'hiver est chaud

les assassins sont beaux

et les saints

trafiquent la coco

à Marsiho

on y trouve des ciseaux

des sœurs jumelles

des frères gémeaux

d'incroyables forbans

qui ne croient pas au ciel

des amantes des amants

des prisons des bordels

des gredins des hirondelles

et de très vieux mendiants

qui n'ont plus que la peau et les os

et qui mangent des épluchures

en pissant libres contre les murs

effaçant « défense d'afficher »

un jour j'arriverai à Marsiho

avec mes barons mes archers

mes capitaines fidèles

les femmes me feront escorte

avec leurs beaux grands yeux d'amour

j'entrerai par la plus grande porte

vêtu de mes plus beaux atours

ce sera fête        fifres et tambours

guideront vers ma couche parfumée

celle que moi Jaufré Rudel

je cherche depuis toujours

d'Arles en Palestine occupée

la dame de mes pensées

ma dame bien-aimée.

André Laude / Blues de la rue des merguez