« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LE POÈTE


 

Le poète aux yeux cernés de mort descend à ce monde du miracle. Que sème-t-il sans geste large sur l'unique sillon de la grève — où de six heures en six heures pareille à une servante illettrée qui vient apprêter la page et l'écritoire la mer en coiffe blanche dispose et modifie encore l'alphabet vide des algues ? Que favorise-t-il aux choses qui n'attendent rien dans le silence du gris ?

 

la coïncidence

 

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C'est pourquoi le poème débouche arbitraire

 

Oiseau qui manœuvre sa cage

Il écarte les barreaux du temple

Il se remet du passé Quitte le recensement

Le voici propice à l'autre version

 

Et le poème cherche un plus profond poème

Un autre sous celui-ci

Il tourne dans la place sous ce parcours

Un plus profond poème sous le poème

Qui commence mal

 

cet escalier fragile et défoncé sur la page

Michel Deguy