« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

RITES 7


 

 

Sous le pin-marabout (qui protège du mauvais œil),

ôte ta chemise de laine rouge

puis, tatouée entre les sourcils,

invoque l'oiseau des hauts-lieux.

La cruche d'eau pure (pluie : poupée et pilon) t'a marqué l'épaule.

Il y a des pays sans oranges ni roses,

mais la clématite coupée remonte toujours autour de l'arbre.

Toi, maintenant, nue dans les saules bleus,

refaite vierge par l'alun, l'écorce, la résine,

ah ! belle comme le guêpier

- enduis de beurre le linteau de la porte

(à chaque serrure sa clé de bois)

et dehors, aux angles des terrasses, pose les marmites de terre

     noire.

Bénites la pierre et la main près du genévrier thurifère,

bois la liqueur de fleur de garance

et comme la « Négresse du Prophète », oreilles peintes de henné,

fonde (par vertu du grain moulu avant l'aube)

fécondité dans l'ombre, fécondité dans la lumière.

Ceux d'en haut, ceux d'en bas

(avec, dans la peau de chèvre, les figues sèches et l'orge grillée)

     sont-ils,

des jours de la fronde et du javelot,

ces menhirs, encore debout, là, comme des lauriers-roses géants

     entre les parois des ravins ?

Jean-Claude Renard