À mes amis
Par domcorrieras, le vendredi 3 décembre 2021 - Poèmes & chansons - lien permanent
À N.I. Petrovskaïa
Il croyait à l'éclat de l'or
Et les flèches du soleil l'ont tué,
Sa pensée mesurait les siècles,
mais sa vie fut un échec.
Ne vous moquez pas du poète mort :
Apportez-lui une fleur.
Sur la croix, été comme hiver,
Le vent agite ma couronne de faïence.
Les fleurs sont brisées,
L'image sainte a pâli,
Lourdes sont les ailes —
J'attends qu'on vienne les enlever.
Je n'aimais que le son des cloches
Et le couchant.
Pourquoi j'ai mal, si mal !
Je suis innocent.
Venez me plaindre, venez ;
À votre rencontre — couronne — je m'élancerai.
Aimez-moi, apprenez à m'aimer,
Peut-être ne suis-je pas mort, peut-être vais-je me réveiller,
Je reviendrai !
Janvier 1907, Paris
Andreï Biély
traduit du russe par NIkita Struve
Illustration : Portrait d'Andreï Biély par Léon Bakst (1905)