« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA GRANDE EAU TACITURNE DE MON VISAGE


 

 

La grande eau taciturne de mon visage

Parfois s'enfonce dans des pays obscurs

Où pleurent des oiseaux de neige

et grincent les voilures des vents

Douloureux voyage dont elle revient épuisée

sans rien avoir appris

de l'étrange mystère de persévérer

Entre deux gouffres béants

Et dans la clarté déclinante

qui s'accroche désespérément aux angles des murs

La grande eau taciturne de mon visage

Glisse muette en un long fleuve de sang.

André Laude / Entre le vide et l'illumination