« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LE PASTEUR DE SAINT-WILFRID


 

 

Fabliau

 

Aucun voyageur ne chemine,

Vêtu de bure ou bien d'hermine,

          Par le sentier,

Qui n'aille, chantant son cantique,

S'agenouiller au seuil gothique

          Du vert moûtier.

 

Le lierre, de son frais ombrage,

Du cœur embrasse le vitrage,

          Tout alentour,

Et l'on voit l'un et l'autre mage,

Et la Vierge, brillante image,

          En grand atour.

 

C'était quand la blanche rosée

Scintille sur l'herbe arrosée

          Comme des pleurs;

Quand l'hirondeau sur notre rive

Aux premiers jours d'avril arrive,

          Avec les fleurs.

 

Or, un beau soir qu'au presbytère

Le pasteur dormait solitaire

          Près des tisons,

Il ouït une voix lointaine,

Murmurant comme la fontaine,

          Sous les gazons.

 

La voix disait…

Aloysius Bertrnad / Le Keepsake fantastique
Illustration d'Aloysius Bertrand