« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

REQUIESTAT


 

 

— Interroge le Sphinx, va combattre les guivres

Et cueillir les fruits d'or des baisers défendus.

— A quoi bon ? Je reviens des paradis perdus.

Je me meurs du dégoût des lèvres & des livres.

 

— N'entends-tu pas le choc des glaives & des cuivres

Sonnant la charge aux cœurs par la gloire attendus !

— Que de cerveaux fêlés & de crânes fendus !

Je n'ai rien de commun avec ces brutes ivres.

 

 

Mes yeux se sont brûlés à fixer le soleil.

Des corbeaux furieux viennent, dans mon sommeil,

Plonger leur bec goulu dans mon vieux corps sans âme.

 

Mais rien ne me torture autant que les efforts

Des caresses cherchant dans ma cendre une flamme

Pour réveiller mon cœur pourri d'entre les morts.

Iwan Gilkin / Ténèbres