« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Pour jouir d'Europe


 

 

SONNET I

 

Pour jouir d'Europe, en bœuf se changea

Jupiter, qui de l'enfiler avait envie,

Et, sa divinité mise en oubli,

En les plus bestiales formes se métamorphosa.

 

Mars encore y perdit ses aises,

Lui qui pouvait bien jouir, puisqu'il était Dieu ;

A force d'enfiler, il en paya l'amende,

Lorsque, comme un rat, il resta dans le filet.

 

Tout au contraire, celui qu'ici vous contemplez,

Lui qui sans péril aucun pourrait

Enfiler, ne se soucie de con ni de fesses.

 

Voilà, pour sûr, une coïonnerie

D'entre les plus grandes et les plus solennisées,

Qui jamais au monde aient été commises !

 

                 Pauvre marchandise !

Ne sais-tu pas, coïon, que c'est  un grand bélitre,

Celui qui de sa main fait un cul et un con ?

Pierre l'Aretin / Les sonnets luxurieux du divin Pietro Aretino.