« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

DIJON


 

 

Ballade

 

 

O Dijon, la fille

Des glorieux ducs,

Qui portes béquille

Dans tes ans caducs !

 

Jeunette et gentille,

Tu bus tour à tour

Au pot du soudrille

Et du troubadour.

 

A la brusquembille

Tu jouas jadis

Mule, bride, étrille,

Et tu les perdis.

 

La grise bastille

Aux gris tiercelets

Troua ta antille

De trente boulets.

 

Le reître qui pille

Nippes au bahut,

Nonnes sous la grille,

Te cassa ton luth.

 

Mais à la cheville

Ta main pend encor

Serpette et faucille,

Rustique trésor.

 

O Dijon, la fille

Des glorieux ducs,

Qui portes béquille

Dans tes ans caducs.

 

Ça, vite une aiguille,

Et de ta maison

Qu'un vert pampre habille,

Recouds le blason !

Aloysius Bertrand / Le keepsake fantastique