POÈME
Par domcorrieras, le samedi 3 juillet 2021 - Poèmes & chansons - lien permanent
Prologue
Comme un bateau, le poète est âgé,
Ainsi qu'un dahlia, le poème étagé
Dahlia ! dahlia ! que dahlia lia
Précipiter une aile à cette perle : un casque
pour atteindre le feu du ciel à son déclin !
et le serpent volait vers le Sud-Africain.
Deux dragons se battaient pour la victoire de Max
au-dessus d'un couvent de moines turlupins.
Vingt champignons du bois ressemblaient aux marquises
Ayant ouvert leurs gros pieds blancs en pantalons
oui ! le ciel me connaît ! il faut qu'on se le dise !
mais il importe peu au temps où nous vivons.
J'ai, lycéen, tutoyé mes professeurs :
ils m'apprenaient les dessins persans couleur bonbon
j'en ai gardé comme on garde des violettes !
Quadrilles ! j'ai dansé avec l'enfant de ma sœur
déguisé sur mon épaule ou sur ma tête !
Chez ma tante on avait mon lit dans le salon
et je ne me levais qu'à midi au plus tard.
Son fils lui reprochait le luxe de mes cigares.
Voici le précipice où mon arbre a grandi :
Il y a là un amphithéâtre de jeunes filles roses et blanches
Je me suis couché au bord et j'ai lu des livres.
Mes jeunes pensées étaient en robe de dimanche
elles avaient des fleurs dans leurs cheveux lisses.
Je suis les évadés de la prison de Nantes
Un enfant reconnut notre tonsure au front
Quand nous lui demandions la route de Clisson
Une ligne de points quand les bonnes servantes
Témoignaient devant Dieu pour leurs dépositions
était un escalier de mon couvent de Nantes
pour cacher l'infamie de ma vie de prison
Max Jacob / in Nord-Sud, 15 mars 1917