« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA MORTE ET SES MAINS TRISTES


 

 

La morte et ses mains tristes

Arrive au Paradis.

 

« D'où reviens-tu, ma fille,

Si pâle en plein midi ?

 

— Je reviens de la terre

Où j'avais un pays,

 

De la saison nouvelle

Où j'avais un ami.

 

Il m'a donné trois roses

Mais jamais un épi.

 

Avant la fleur déclose,

Avant le blé mûri,

 

Hier il m'a trahie.

J'en suis morte aujourd'hui.

 

— Ne pleure plus, ma fille

Le temps en est fini.

 

Nous enverrons sur terre

Un ange en ton pays,

 

Quérir ton ami traître,

Le ramener ici.

 

— N'en faites rien, mon Père

La terre laissez lui.

 

Sa belle y est plus belle

Que belle je ne suis,

Las ! et faudra, s'il pleure

Sans elle jour et nuit

 

Que de nouveau je meure

D'en avoir trop souci. »

Marie-Noël / Chants d'arrière-saison