« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA TÊTE À L'ENVERS


 

 

Pourquoi mourir encore alors qu'on vient de naître

A la vie à la mort

 

Sous le rire concave du ciel

Quand la nuit ronge

 

Que la tête à l'envers sombre sous l'horizon

Lestée d'un poids universel à la mâchoire

Hantée d'un vide universel à la mémoire

 

Défoncée aux portes des tempes

Un trou criard dans l'occiput

 

L'imagination peuplée de rêves roses

Qui s'ébattent au marais implacable du sang et de

     l'eau

 

Les yeux crevés retournés qui se perdent

Au vertige sans fond de leurs tunnels internes

 

Et déjà les cils grandissent et blanchissent

 

Entre les tempes tendues

S'étendent sans fin des steppes de nuit

Barrées à l'horizon par la banquise

 

Le grand mur blanc sans issue de la nuit

 

Et la tête engloutie dans la mer des ravages

Meurt de dormir

Roger Gilbert-Lecomte / La vie l'amour la mort le vide et le vent