« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LES ILES FORTUNÉES


 

 

Quelle voix dans le bruit des vagues nous parvient

Qui n'est pas la voix de la mer ?

Elle est la voix de quelqu'un qui nous parle,

Mais se tait, si nous l'écoutons,

Parce qu'il fallut écouter.

 

C'est seulement si, à demi dormants,

Sans le savoir nous l'avons entendue,

Qu'elle nous dit une espérance

A laquelle, comme un enfant

Qui dort, nous sourions en dormant.

 

Ce sont les îles fortunées,

Les terres qui n'ont pas de lieu,

Où le Roi dans l'espoir demeure.

Mais, dès que nous nous éveillons,

La voix se tait. Seule la mer.

 

26-3-1934.

Fernando Pessoa / message
traduit du portugais par Bernard Sesé