« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Avenue du chemin de fer


 

 

Sombre crépuscule

Sur l'avenue du chemin de fer.

Lumière chez les poissonniers,

Lumières dans les salles de billard.

Un wagon de marchandises qu'un train

Aura oublié

Au milieu du

Pâté de maisons.

Un piano mécanique,

Un gramophone.

          942

          C'était son numéro.

Un garçon qui

Flâne dans un coin.

Une fille qui passe

Avec une peau poudrée.

          Soudain

          Des rires

          Comme un tambour tendu.

          Soudain

          Des rires

          Ni vérité ni mensonge.

          Des rires

Qui durcissent le sombre crépuscule du soir.

          Des rires

Qui font vaciller les lumières dans les bouges à poisson.

Rouler les boules blanches dans les salles de billard.

Et laissent intact le wagon de marchandises

Qu'un train aura oublié.

Langston Hughes / Mes beaux habits au clou
traduction Frédéric Sylvanise