« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LE PROMENEUR


 

 

Toujours s'appuie sur la colline la nuit blanche,

Où se dresse en sons d'argent le peuplier,

Où sont étoiles et pierres.

 

En sommeil se voûte au-dessus du torrent la

     passerelle.

Un visage exsangue suit le garçon,

Croissant de lune dans le ravin rose

 

Loin des pâtres qui célèbrent. Dans la pierraille vieille

Le crapaud regarde de ses yeux de cristal,

S'éveille la floraison du vent, la voix d'oiseau du

     presque mort

Et les pas verdissent sans bruit dans la forêt.

 

Cela rappelle l'arbre et la bête. Lents degrés de

     mousse ;

Et la lune

Qui s'enfonce étincelante dans des eaux tristes.

 

Lui s'en retourne et chemine sur la rive verte,

Traverse, bercé par une gondole noire, la ville en

     ruine.

Georg Trakl / Sébastien en rêve
traduction de Marc Petit et Jean-Claude Schneider