« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

SONNET XII


 

 

« Mars, ô deux fois maudit fainéant !

» Ne se place pas ainsi sous une femme ;

» Vénus ne se fout pas à l'aveuglette

» Avec tant de rage et si peu de discrétion.

 

» — Je ne suis pas Mars : je suis Ercole Rangone,

» Et je vous baise, vous qui êtes Angela Greca ;

» Et, si j'avais là mon rebec,

» Je vous sonnerais, en foutant, une canzone.

 

» Quant à vous, Signora, ma douce épousée,

» Vous ferez sur le con se trémousser lez vit

» En levant haut le cul et en poussant fort.

 

» Oui, Signor, car en baisant avec vous je jouis,

» Mais je crains que l'Amour ne me donne la mort

» Avec vos armes, étant un enfant et un fou.

 

                    » — Cupidon est un petit laquais

» Et il est votre fils ; il garde mes armes,

» Pour les consacrer à la déesse Fainéantise. »

Pierre l’Arétin / Les sonnets luxurieux du divin Pietro Aretino