J'ÉTAIS
Par domcorrieras, le jeudi 12 novembre 2020 - Poèmes & chansons - lien permanent
L'enfant touché par l'aile de la mort
Ne parle plus. Son regard inaugure
Un neuf exil si tendre et si glacé
Qu'il ne sait pas s'il est arbre ou rivière.
À son côté, sa mère devient givre
Et lui, croyant à un simple sommeil,
Veille sur elle. Un roseau sur la rive
Tremble quand fuit une truite surprise.
Ce court instant, redonnez-le pour vivre
Entre bonheur et folle tragédie
Interminable. O ma vie ! ô détresse !
J'étais l'enfant, je ne suis plus que l'homme
Veillant sur l'ombre et la terre confuse,
Quêtant pour vivre une étoile de plus
Qu'il n'en existe au ciel toujours muet.
Abandonnez votre haine aux corbeaux.
La terre-ogresse a digéré ce corps
Où tu naquis. vasque de pourriture,
Dernier sursis, mimant ton existence,
Et ne croyant qu'à cette histoire morte
Mal racontée aux amants du passé.
Robert Sabatier / Icare et autres poèmes