« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

6 AOÛT 1970


 

 

Je suis assis au cœur de la forêt

Pas un oiseau ne bouge Aucune feuille

Au fond de moi un être se recueille

Je ne sais pas quel visage il aurait

s'il s'échappait de l'ombre où il sommeille

Devant moi sont trois sources On entend

les mots qu'elles se disent en sortant

du O formé par les souches du hêtre

Ne voulant point naître mais apparaître

elles mêlent leurs eaux ces sœurs venant

par trois chemins de trois terres lointaines

et qui dansant forment une fontaine

immobile une source close Dans l'instant

où s'arrête leur course je suis là

cercle qui ne finit ni ne commence

ayant foré la terre pour cela

boire un peu d'air de jour et de silence

Roger Bodart / La longue marche (1975)