« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Sur le mur invisible


 

 

Sur le mur invisible

dont nous étions les pierres

un silence insolent

fit chanceler l'aurore

 

L'ami m'avait, autrefois, offert des refrains de capitaines

qui réchauffaient le sang

les soleils sur les sillons filaient alors avec les vents

 

Ce matin il accrochait ses gestes

au peu qu'il faisait de ses jours

pour ne pas tomber d'un arbre, de la falaise

ou des bras d'une femme

 

En des creux d'ombre et d'oubli

il avait perdu les clins d'œil

ne  savait plus ces histoires d'un jour qui durent une vie

 

Il redoutait

la moisson que le paysan abandonne

les pages du livre qu'il ne savait finir

les yeux vides des pauvres

 

Dans le bleu si intense du matin

si transparent, si lointain, si froid

il m'ouvrit la barrière

 

Contre l'horizon vide, son chien très longtemps aboya

Paul Mari / La fin d'une histoire