« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

FENÊTRE


 

 

Les plus belles fenêtres que l'on voit

Toutes prêtes pour admirer la rue

Comme les dames au balcon

D'un remuant théâtre

 

Ne peuvent me faire oublier

Un carré dans un autre carré de muraille

qui regardait la crasse du trottoir

Et ne semblait pas mépriser la vie.

 

Pourtant sur six carreaux

Lavés au moins par quelques pluies

Cinq étaient morts pulvérisés

Le sixième portait une crevasse.

 

Je passais à l'instant où grouillait le soleil

Dans le verre attentif du sixième

Les cinq autres me dirent au revoir

Avec toute l'ardeur de leurs ténèbres.

Franz Hellens / AMIS CARRÉS, ÉTROITS (1921)