« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

STRASBOURG...


 

 

ma ville a le visage d'üne vieille femme qui jamais ne me dira qu'elle

m'aime ?… ses rüelles ridées (les arbres-bras) les veines

bleutées la boule d'or de son œil la fine chevelüre

des acacias mimosés tout cela je ne m'en lasse

pas, le bleu clair des yeux la variété de sa…

conversation & la blondeur / dü / Soleil qui caresse

les sourcils des galeries la peau blanche brüne

des vieilles maisons (les fleurs si rouges des greniers) la

statüe de Mozart qui hélas n'existe pas

encore & celle de Schiller ou Gœthe Balzac Rousseau &

Victor Hugo, — n'oublions pas le magicien Cagliostro qui ?…,

souvent je passe devant la Madone qu'il aima, en face de

la maison où Gustave Doré découvrit le dessin / ô / …

fabuleuse Strasbourg citadelle béatifique où l'on

inventa l'imprimerie & les meilleurs canons d'Europe,

ville-des-Anges-dü-Démon (ni l'un ni l'autre n'ont

existé) Vieille ville qu'ont connüe Albert-le-Grand &

Dürer, le grand Albert Schweitzer (Calvinus) Érasme de

Rotterdam, — oasis de persécütés Jardin d'or de nos

DÉLICES, — es aussi la Ville de ma mère Mathilde,

oui, la grande « île » que je n'ai jamais pü

laisser derrière mes pas !…

Jean-Paul Klée / poëmes de la noirceur de l'occident
Photo : Jean-Paul Klée par Claude Truong-Ngoc