« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Je fume comme une cheminée


 

 

AU JOUR LE JOUR

Je fume comme une cheminée de la Rhur (Allemagne) dans OPERA. L'usine ? L'opéra ? Mais puisque ma pipe s'appelle ainsi ! Une pipe de riche, vieille bruyère et corne de vache. Un culotage réussi ! Le tabac est bon, vive le roi des Belges !

Je chausse, à présent, de lourds brodequins, ils pèsent (à cause des clous). Ce sont des chaussures pour les COLLINES.

Ici, à Ecoufflant, la route est bitumée et les chemins de traverses sont glaiseux. Il pleut tellement souvent. J'aime ces deux mots, tellement souvent — En route, à présent, vers le bas de cette page. J'ai beaucoup à te dire (les mots comme des poussins se précipitent). Alors c'est le désordre. Les nids se construisent à bout de bec. Les murs vivent. Les oiseaux paraissent contents du printemps, d'Ecoufflant, des épousailles, et de la fécondation. Hardi, petits, petits oiseaux ! Le rouge-gorge babille dès cinq heures du matin. On doit l'entendre de la place de la cathédrale, à Angers. Le lilas est là et la tulipe, et le myosotis et la giroflée. Sur tout ça, roulent des nuages gris qui se promènent plus ou moins vite de l'ouest, de l'est. Ça va, ça vient — en salissant le ciel.

J'ai aperçu DEUX hirondelles.

Les mouettes sont reines, ici.

Jules Mougin / La Grande Halourde / Au jour le jour (extrait)
Illustration : Jules Mougin