« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

RÉGALS


 

 

Croise tes cuisses sur ma tête

De façon à ce que ma langue,

Taisant toute sotte harangue,

Ne puisse plus que faire fête

A ton con ainsi qu'à ton cu

Dont je suis l'à-jamais vaincu

Comme de tout ton corps, du reste,

Et de ton âme mal céleste,

Et de ton esprit carnassier

Qui dévore en moi l'idéal

Et m'a fait le plus putassier

Du plus pur, du plus filial

Que j'étais avant ta rencontre

Depuis des ans et puis des ans.

 

Là, dispose-toi bien et montre

Par quelques gestes complaisants

Qu'au fond t'aimes ton vieux bonhomme

Ou du moins le souffre faisant

Minette (avec boule de gomme)

Et feuille de rose, tout comme

Un plus jeune mieux séduisant

Sans doute mais moins bath en somme

Quant à la science et au faire.

O ton con! qu'il sent bon! j'y fouille

Tant de la gueule que du blaire

Et j'y fais le diable et j'y flaire

Et j'y farfouille et j'y bafouille

Et j'y renifle et oh! j'y bave

Dans ton con à l'odeur cochonne

Que surplombe une motte flave

Et qu'un duvet roux environne

Qui mène au trou miraculeux,

Où je farfouille, où je bafouille,

Où je renifle et où je bave

Avec le soin méticuleux

Et l'âpre ferveur d'un esclave

Affranchi de tout préjugé.

La raie adorable que j'ai

Léché amoroso depuis

Les reins en passant par le puits

Où je m'attarde en un long stage

Pour les dévotions d'usage,

Me conduit tout droit à la fente

Triomphante de mon infante.

Là, je dis un salamalec

Absolument ésotérique

Au clitoris rien moins que sec,

Si bien que ma tête d'en bas

Qu'exaspèrent tous ces ébats

S'épanche en blanche rhétorique,

Mais s'apaise dès ces prémisses

 

Et je m'endors entre tes cuisses

Qu'à travers tout cet émoi tendre

La fatigue t'a fait détendre.

Paul Verlaine / Poèmes érotiques - Femmes