« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

La fable du concombre masqué


 

 

à Nikita Mandryka

 

 

Malheureusement il se pourrait

que la shoah n'ait été que le hors-d'oeuvre

d'un festin très noir où les convives

banquiers, boursiers, haute société Jet Set, milliardaires

et autres pd(g) rois des cons d'un royaume sens dessus-dessous

dont la modernité lucrative jamais rassasiée consiste

essentiellement à humilier les pauvres gens ignorants

à les détruire avec des guerres et des rapines en profondeur

à pervertir toutes les valeurs humaines ainsi que l'ordre naturel

en engendrant des créature monstrueuses aux airs innocents voire invisibles

nous concoctent en rotant leur méga plan d’une prochaine solution finale

Ils ont tout acheté - même les représentants de commerce des peuples-

avec l'argent de la dette des idéalistes bornés que nous étions

en payant nos impôts rubis sur l'ongle au nom du bien commun

expropriation privatisation étatisation totale

voici le credo du Superman étoilé muti-continental qui nous montre son vrai visage

avec sa technologie concoctée dans les laboratoires de l'enfer

ses remèdes de cheval exterminateurs de troupeaux d'éléphants et de baleines

Vous êtes tous filmés sous surveillance électronique

alors souriez puisqu'on vous le demande

Je me souviens dans les années mille neuf cent quatre-vingt-dix

quand on en parlait pas encore de l'extermination des espèces

de ces mamans qui posaient un micro rose bonbon ou bleu-ciel

dans la chambre de leur précieux poupon soyeux et qui près d'elles

gardaient un haut-parleur pour être certaines qu'il respire encore

Déjà c'était un signe annonciateur sous prétexte de responsabilité maternelle

Nos mamans à nous se déplaçaient jusqu'au bord de notre lit

prenaient le temps de s'émerveiller de poser un baiser sur notre joue

et si nous ne dormions pas de nous chanter une berceuse

Les mamans savent-elles encore chanter cette poésie

qui ravissait nos coeurs attendris d'amour?

Malheureusement il se pourrait

que toutes les promesses de nos sauveurs experts en envoûtements

n'aient été qu'un poison lent à retardement pour mieux nous endormir

et nous posséder définitivement.

La morale de cette fable bancale

c'est que toutes nos croyances, nos philosophies, nos sciences

nous ont conduit dans un inconcevable cul de basse fosse

et nous ont rendu tellement impuissants et quelque peu ridicules devant la vie et la mort.

Gloire au Coronavi-Russe ou Chinois ou Chiite ou Satanique-ta-mère d'une seule main

Gloire à ce dieu spectaculaire dans le paradis fiscal de la faillite programmée du genre humain

Gloire aux femmes et aux hommes de bonne volonté, aux peuples … qui résistent encore.

André Chenet
*Le Concombre masqué est une série de bande dessinée créée par Nikita Mandryka (sous le pseudonyme Kalkus) en 1965 dans le journal Vaillant devenu Pif Gadget, ainsi que dans Pilote. Le personnage du Concombre masqué, un cucurbitacé bavard et philosophe, évolue dans un univers parfois assez absurde et a (au sens propre) une araignée au plafond. Les histoires, souvent des enchaînements d'événements oniriques, se déroulent dans un non-sens apparent et très philosophique