« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Robinson sur son île


 

 

Robinson sur son île

Fait du stop aux nuages

Debout sur des bagages

Désormais inutiles

 

Il n'attend presque plus

N'espère plus vraiment

C'est l'heure où le couchant

Se drape d'absolu

 

De la terre bergère

Auscultant l'horizon

Il écoute la mer

Où dansent des moutons

 

Robinson sur son île

Amputé de ses frères

Mais loin de leurs guéguerres

Et de leurs rires civils

 

Prend conscience qu'au fond

Il préfère peut-être

Son étrange prison

Sans murs et sans fenêtres

 

A sa vie antérieure

Qui devait ouvrir

Sur un autre avenir

Sans joie et sans douleur

 

Robinson sur son île

Est l'esclave et le maître

Le païen et le prêtre

Le sage et l'imbécile

 

Il doit redécouvrir

Il doit réinventer

Et tout redéfinir

Et tout réévaluer

 

Il est le dernier homme

Il est son propre père

il recueille la pomme

Sur l'arbre de la mer

Christian Leroy