Chair de pêche
Par domcorrieras, le samedi 11 avril 2020 - Poèmes & chansons - lien permanent
Par la présente, je t’offre une page du livre
de mes rêves : cette nuit, une fois de plus, ça a été
à hurler. Je me suis révélé nuisant insecte tandis
que tu étais pêche ; toqué, j’ai papillonné
autour de toi, atterri sur le duvet de ta peau, goûté
ta pulpe : lubrique hyménoptère piquant
sa trompe dans sa friandise. Or, l’hébétude
a envahi ma tête radoteuse : tu étais la drogue que
je suçotais… jusqu’au moment où tu m’as filé
une putain de gifle. aurais-tu refoulé l’épilogue,
ma chose à moi ? vide de t’avoir aspirée, je vrombissais
(tu as gratifié ma forme humaine d’une bourrade).
Qu’en déduis-tu ? Mon subconscient a révélé
une pulsion orale ; rien de neuf pour toi, n’est-ce pas,
ma gourmandise, mon addiction sans retour à
tes formes enrobées ? J’ai passé la journée à mon bureau ;
la lumière du jour a révélé des images plus civilisées,
par exemple : « Tes cheveux sont filés de soleil. »
En réalité, je voulais dire : « T’es d’un blond
mayonnaise. » L’image des frites te donne
un haut-le-cœur ? Au fond, j’aspire à te fourrer
dans ma bouche. Incontestable mauvais goût ! Mieux vaudrait
une rose, une lune, et sous ta jupe un crépuscule décent.
Mais me permets-tu d’abord de te croquer, chérie ?
Benno Barnard / Le service de mariage