Barbare
Par domcorrieras, le dimanche 12 avril 2020 - Poèmes & chansons - lien permanent
Bien après les jours et les saisons, et les êtres et les
pays,
Le pavillon en viande saignante sur la soie des
mers et des fleurs arctiques ; (elles n’existent pas.)
Remis des vieilles fanfares d’héroïsme — qui nous
attaquent encore le cœur et la tête — loin des anciens
assassins —
Oh ! le pavillon en viande saignante sur la soie des
mers et des fleurs arctiques ; (elles n’existent pas)
Douceurs !
Les brasiers, pleuvant aux rafales de givre, — Douceurs !
— les feux à la pluie du vent de diamants —
jetée par le cœur terrestre éternellement carbonisé pour
nous. — Ô monde ! —
(loin des vieille retraites et des vieilles flammes,
qu’on entend, qu’on sent,)
Les brasiers et les écumes. La musique, virement
des gouffres et choc des glaçons aux astres.
Ô Douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes,
les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les
larmes blanches, bouillantes, — ô douceurs ! — et la
voix féminine arrivée au fond des volcans et des
grottes arctiques,
Le pavillon…..
Arthur Rimbaud / Illuminations