La laine mange la bouillie de la lune
Par domcorrieras, le samedi 18 avril 2020 - Poèmes & chansons - lien permanent
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La laine mange
la bouillie de la lune
Des épingles noires
retiennent les cheveux
de certains oiseaux
Les étoiles
sont des épines
et le ciel coud
les sandales
que nous avons perdues
Elles font
des dessins
qui dégorgent
sur les buvards
La terre
parfois pisse debout
comme une vieille
à côté d’un cheval
qui partage son jet
de pompier
Un autre juge
avait pour désigner
trois initiales
tellement son nom
était long
Il ne connaissait
du futur
que la rouille ouverte
au passage des boussoles
et des papillons
Pour lui
les fourmis
qui se déplacent
sur la terre ne sont pas
les points échappés
des phrases
que nous désertons
Les maternités
oublient
la voix
des oiseaux
qui les avortent
Ces juges
ont le pouvoir
de dire qui est
rivière morte
horloge de pain
lumière rôtie
par un papillon
ou encore lampe de fer
ou phrase
dans les étalages
des marchés du monde
Virgule
étoile buvant
une longue nuit
dans les ordures
et les ordres
des trous noirs
dans la foule
des rimailles
rampent
à leurs pieds
pour être éditées
avec de grosses chaînes
La poésie
vomit toujours
des costumes
et des arrêtés
Les timbres
remplacent
les morts
sur les enveloppes
et les poètes
collectionnent
des albums vides
qui parlent
de diverses
façons de tuer
Serge Pey / Le Carnaval des poètes