« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

fugue


 

 

fine mouche toute verte et si dorée

la mi sol frétillant imago

patinant sous paillettes de silice

là où l’onde gronde entre les galets

mi sol là-haut l’astre roi s’effiloche

entre les plis moirés de nos eaux vives

sol mi il me la faut cette nymphe

friponne sauteuse en traîne dentelle

qui se dandine entre mes dents

la la là dans ma gueule grande ouverte

fa ré do je claque mon bec sur ton abdomen

je t’avale je te mords la ré do

le tourbillon m’emporte

sur tes ailes saigne mon palais

la la la l’hameçon m’a pris

par la barbichette fatale fugue

si fa ré do ne me rejette pas à l’eau

valeureux pêcheur la soif notre vie

fa mi sol ne tenait qu’à cette mouche

éphéméroptère était son nom

brochet broc goulu était le mien

sol mi fa ré do   do    do    do

Dom Corrieras - Maizières-lès-Metz, février 2020