C’est un étrange été
Par domcorrieras, le mercredi 12 février 2020 - Poèmes & chansons - lien permanent
C’est un étrange été, tonnerre sans orages
et averses soudaines tandis que les rayons
percent, inventé dirait-on par un mythomane
qui aspire de toutes ses fibres à un miracle
plus grand que ce qu’offre en général
le bulletin météorologique, par exemple
un zéphyr inhabituel caressant la mer,
semblable dans son obéissance à du cristal,
alors que je t’accompagnais vers l’horizon.
C’est un étrange été qui suggère la présence
d’une âme de par la nuit et la cime des arbres,
sorte de hibou, mi-gloutonnerie, mi-plainte
quant aux conditions de l’existence : à savoir
que les fils d’Adam, composés de chimie et de souvenirs,
finissent par se perdre dans le crépuscule —
inattendu, plus éphémère que le son de la cloche
qui se détache sur une lune géante, il se hâte
sus aux souris : protéine au cri strident, petit os,
peau, poils. Eh, toi, Darwin ! De l’innocence
dans notre malveillance ? Ce serait oublier
que les preuves épuisent la vérité.
c’est un étrange été aux représentations
de joie romantiques ; le soleil palpe
ma peau, le vent fourrage dans mes cheveux ;
à l’ultime lueur, j’improvise aujourd’hui
un poème maladroit (genre : « Chérie, l’été
est court, on est déjà en août, vite, je t’en prie
embrasse-moi ») ; pendant que je bégaie ça, tu me prêtes
ta langue et, doux Jésus, déboutonnes ton chemisier ;
muet, emprunté, je précipite mon bonheur dans un abîme.
Benno Barnard / Le service de mariage