« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Baiser XVII


 

 

Cette même pourpre que le matin dépose

Sur la rose humide de rosée nocturne

 

Rosit aussi la bouche de ma maîtresse au matin,

Mouillée toute une longue nuit de mes baisers.

 

La candeur de neige de son visage la couronne

Comme une vierge tenant une violette dans sa main blanche,

 

Comme une première cerise brille sous les fleurs tardives

Lorsqu’été et printemps voisinent dans l’arbre.

 

Pauvre de moi ! Pourquoi faut-il, alors qu’avec violence tu livres

Ta bouche, que je doive m'éloigner de ton lit ?

 

Veille, ma belle, à garder sur tes lèvres ce rose

Jusqu’à ce que le calme obscur de la nuit me rende à toi ;

 

Si pourtant elles devaient d’ici là cueillir les baisers d’un autre

Qu’elles en deviennent plus pâles que mes joues

Jean Second / Le livre des baisers