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Par domcorrieras, le dimanche 24 mars 2019 - Poèmes & chansons - lien permanent
Le maître peut pleurer ; son serviteur
S’en est allé ; on ne peut ni le joindre
Ni le punir ni l’émouvoir. Il n’est pas orgueilleux
De sa liberté ; il ajoute même
À la douleur la tendresse de sa peur
Acide et impuissante qui parfois le pique.
Les maîtres sont ceux qui conservent ;
Ils conservent donc avec les dents et avec les ongles
Leur douleur aussi. Elle devient
Un bien, et la mort même qui peut la dissiper
A quelque chose qui a une valeur sociale.
Le jugement auquel il s’en tient, en devenant fou,
Est celui d’autrefois : il lui donne un amour aveugle
pour la poussière
Puisque, comme toi, elle ne ressemble ni au bien ni
au mal.
Rome, 10 mars 1972
Pier Paolo Pasolini / Sonnets
traduit de l’italien par René de Ceccatty