« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

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Vous naviguez dans des eaux sombres et lointaines,

Parfois visible, parfois perdu

Dans les profondeurs. Et il y a quelques semaines seulement

Que vous vous en êtes allé sans espoir vers

 

Le passé, au-delà d’une rue de putes.

Je ne vous ai pas vu disparaître. Il est encore incertain

Que le choses soient comme je le crois. Mais l’âme

Nous précède. elle, pendant que je vous cherche,

 

Se souvient déjà de vous : le rire de Ninetto

Résonne, joyeux pour autant qu’en puisse savoir

La mémoire, et me donne envie de toucher

 

Son corps de père-gamin.

Mais ce n’est plus un de ces soirs

Où m’était proche, comme pour l’éternité, sa chair.

 

Pier Paolo Pasolini / Sonnets