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Par domcorrieras, le mercredi 23 janvier 2019 - Poèmes & chansons - lien permanent
La rivière n ‘a pas d’œil pas de langue
pas de pied pas de corps
pourtant nous sentons que sa langue parle
ses yeux brillent son corps partage le monde en
deux
elle bouge disparaît nous scinde éternellement en
deux
une part de nous-même la ressent ses yeux
scintillent noirs tristes beaux
disent ce que nous rêvons de révéler
cependant l’autre part de nous-même se moque de ces
mensonges
ce que nous appelons rivière
n’est jamais perçu
elle est seulement sur notre langue
dans les yeux à peine l’imaginons-nous
à peine disons-nous « Tout passe »
alors on ne voit plus rien
Yu Jian / Shiji yu tuxiang (Poèmes en images)
traduit du chinois par Isild Darras