« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

L’OISEAU QUI S’ABRITE DE LA PLUIE


 

 

Un oiseau s’abrite de la pluie sur mon balcon

l’oiseau bleu      fait de tout petits sauts

une douce flamme

j’ouvre la fenêtre

j’espère qu’il va entrer dans ma chambre

je ne peux dire quelle est son intention

je jette quelques grains    et j’imite un cri

l’oiseau bleu     me regarde    et regarde l’averse

la pluie tombe de plus en plus fort    les éclairs

     ruisselants descendent

l’oiseau bleu    soudain s’envole    disparaît

    vers l’orage

un frisson    on dirait que ce qui s’éteint ce n’est

    pas cette flamme

mais moi

 

1990

Yu Jian
traduit du chinois par Isild Darras