« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

MA MOITIÉ

 

 

Son corps est un signe, une preuve

que tout au monde nous désigne.

Mais la nuit, un gris espadon glisse

sur le plafond et je me réveille

en sursaut sur ma moitié. J’ai froid.

 

et calcule silencieusement mes chances : être

encore une fois un, deux animaux aveugles, dieu

au lit, et profond et vrai, toute une vie

se lever de sa caverne de fourrure,

 

ça serait comment ? L’espadon se tait.

Dans toutes les langues, les hommes rêvent de plaisir

et d’amours mortes qui n’ont pas trouvé de tombe.

 

Et moi ? Je repose à côté de la preuve

que tout nous désigne, elle et moi.

Menno Wigman (1966-2018) / L’Affliction de copyrettes
traduit du néerlandais par Pierre Galissaires et Jan H. Mysjkin