« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

COLIN-MAILLARD


 

 

Le hasard est une cigarette

qui donne faim.

Les amis gesticulent

comme les rides.

Sur un corbillard qui passait

j’ai lu :

il est mort

parce qu’il ne buvait pas assez,

il est mort

sur une jambe

faite d’une queue de billard ;

de son vivant

on mettait du blanc

sur son procédé

pour l’empêcher de glisser ;

il est mort

pendant les vacances

au bout d’une corde

signée « procès-verbal » ;

entre les Açores et Lisbonne

une goélette américaine

transporte sa fortune

sur le calme plat

des experts.

L’avenir est un instrument monotone.

 

 

 

Hôtel de la Bertha, 23 juin 1923

Francis Picabia