« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LE « TOMBEAU » DE « FIFINE »





Un brin de sucre, un peu de mie,
Suffisaient à votre appétit ;
Vous étiez, selon qu’il est dit,
Vous étiez, ma petite amie
Fifine.

Avec votre vif petit œil
Tel, un petit rubis
Mobile,
Vous aviez l’air d’un écureuil
Un écureuil mignon
Des villes.

Donc,vous ne viendrez plus le soir
Auprès de ma lampe qui fume
Ronger mon cahier de devoirs
Ou le bout de mon porte-plume.

Vous ne ferez plus l’exercice
Avec un fragment d’allumette
Et je n’entendrai plus jamais
Fifine courir par la pièce.

Je crois qu’au long de l’existence
Je fuirai toujours ceux que j’aime
Car, vous le voyez par vous-même,
Vrai, je ne leur porte pas chance.

Ô chère petite « saleté »,
Si j’avais pu, je vous aurais
Construit un petit mausolée.

Adieu Fifine : si vous êtes
Dans le grand paradis des Bêtes
Vous voyez ma peine secrète,
Et puis combien je vous regrette
Et combien je suis désolé.

Jehan Rictus / Fil de Fer