« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

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Les éclairs irascibles
des orages intérieurs,
les éclairs liés,
la foudre qui ne peut pas blesser
mais seulement se blesser,
le tonnerre comme un tronc
qui se traîne en d’indivisibles galeries,
et la pluie, la pluie
comme un miracle retourné vers son origine,
explosent à la limite précise
où se sont aussi donné rendez-vous
les mauvais présages
des orages extérieurs.

L’extérieur serait-il un autre intérieur
à moins que l’intérieur ne devienne extérieur,
presque à notre insu,
presque effrontément,
presque sans préférences ?

Les orages égalisent.
Les lieux s’égalisent
si en eux se répètent
sans cesse les mêmes rites.

Roberto Juarroz / dixième poésie verticale
traduction de François-Michel Durazzo