« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

L’ÉTERNITÉ DE L’ÊTRE

 

 

Je te le dis encore : il n’y a de naissance pour aucune chose mortelle dans l’univers créé.
Et la mort funeste ne met fin non plus à aucune existence,
Il n’existe qu’une fusion et qu’une dissociation des éléments rassemblés,
Et c’est à ce phénomène que les hommes ont donné le nom de naissance.
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Quand les éléments mélangés viennent sous la forme d’un homme à la lumière du jour,
Ou d’une bête fauve et sauvage, ou bien d’une plante,
Ou encore d’un oiseau, on dit alors qu’il y a naissance.
Et quand les éléments se séparent, on parle alors de la terrible mort toujours.
Mais ce n’est pas là le nom juste, bien que moi-même je cède aussi à l’accoutumance.
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Car il est impossible que rien puisse naître de ce qui n’existe pas
Et on n’a jamais vu ni entendu que ce qui est doive périr,
Et ce qui est a une durée éternelle en quelque lieu qu’on puisse le saisir.
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Dans le tout, il n’y a rien de vide : car d’où viendrait l’augmentation de ce qui est tout ?

Empédocle / Anthologie de la poésie grecque
Choix, traduction, notices par Robert Brasillach