« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Bonne nouvelle sur les lavandes


 

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Bonne nouvelle sur les lavandes;

c’est ainsi qu’il nous faudrait parler

juste au-dessus du sol

dans l’odeur de la terre montante.

 

 

La maison sous les arbres,

rien d’autre qu’un fanal nocturne

repaire pour le cœur

un instant sous l’assemblée 

 

 

Tu ouvres des ruelles de feux de bois,

de légumes vieux,

tu sais que devant toi siffle le vent du col

 

et qui pour soulever la porte ?

 

 

Et n’avoir qu’un désir :

le vent debout en toi

chassant les relents de maladie

comme s’il délivrait le ciel couleur

du zinc des toits, vieillard ravaudé

par la continuellement

petite histoire…

Et tu marcherais, infini

dans l’espace qui s’abreuve

au bleu sans fond des grappes de gentianes.

 

 

Tu aspires en te jouant

l’air d’amandiers et de froid;

tu es celle qui a donné

congé au vent —

égale de l’arbre

sous l’averse de ses fleurs.

 

 

Coquelicot du tendre impossible rouge

sur les talus,

éclabousse les voies

que l’homme a désapprises,

nous redirons ta fièvre aux lèvres

des passantes.

 

 

Tu te perds sous le tilleul

parmi l’odeur des chats, l’enfance,

l’éclat du linge à midi;

 

c’est à nouveau l’histoire de la lumière

et ses dates n’ont aucun sens.

 

 

Les mûres encore rouges

et l’été sur les talus,

sans tourment,

sous une pluie d’orties mouillées;

la terre,

ne concluait pas.

Pascal Riou / Le Jardin dispersé (extrait)