conversation au téléphone
Par domcorrieras, le dimanche 18 mars 2018 - Poèmes & chansons - lien permanent
je pouvais dire à la position du chat
à la manière dont il s’était tapi,
que sa proie le rendait dingue;
et lorsque ma voiture est venue sur lui,
il s’est redressé dans la pénombre
et s’est enfui
avec un oiseau dans la gueule,
un très gros oiseau gris,
aux ailes tombantes comme un amour brisé,
transpercé par les crocs,
toujours en vie
mais plus beaucoup,
vraiment plus beaucoup.
l’oiseau d’amour brisé
le chat passe dans mon esprit
et je n’arrive pas à le faire sortir :
le téléphone sonne,
je réponds à une voix,
mais je le revois encore et encore,
ainsi que les ailes tombantes
les ailes tombantes et grises,
et cette chose tenait
dans une tête qui ne connaissait pas la pitié;
c’est le monde, c’est le nôtre;
j’ai raccroché le téléphone
et les murs chats de la chambre
se rapprochent de moi
et je voudrais hurler;
et le chat passe
le chat passe pour toujours
dans mon cerveau.
Charles Bukowski / Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines