« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Sonnet à Chausson



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Amis, on a brûlé le malheureux Chausson,

Ce coquin si fameux, à la tête frisée;

Sa vertu par sa mort s’est immortalisée :

Jamais on n’expira de plus noble façon.

 

Il chanta d’un air gai la lugubre chanson

Et vêtit sans pâlir la chemise empesée,

Et du bûcher ardent de la pile embrasée,

Il regarda la mort sans crainte et sans frisson.

 

En vain son confesseur lui prêchait dans la flamme,

Le crucifix en main, de songer à son âme :

Couché sous le poteau, quand le feu l’eut vaincu,

 

L’infâme vers le Ciel tourna sa croupe immonde :

Et, pour mourir comme il avait vécu,

Il montra, le vilain, son cul à tout le monde.

Claude Le Petit / L’Escole de L’Interest