« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

PARMI BEAUCOUP DE POÈMES


 

 

 

 

Parmi beaucoup de poèmes

Il y en avait un

Dont je ne parvenais pas à me souvenir

Sinon que je l’avais composé

Autrefois

En descendant cette rue

Du côté des numéros pairs de cette rue

Baignée d’une matinée limpide

Une rue de petites boutiques persistantes

Entre la Seine sinistrée et l’hôpital

Un poème écrit avec mes pieds

Comme je compose toujours les poèmes

En silence et dans ma tête et en marchant

Mais je ne me souviens de rien

Que de la rue de la lumière et du hasard

Qui avait entrer dans ce poème

Le mot « respect »

Que je n’ai pas l’habitude de faire vibrer

Dans les pages mentales de la poésie

Au-delà de lui il n’y a rien

Et ce mot ce mot qui ne bouge pas

Atteste la cessation de la rue

Comme un arbre oublié de l’espace

Jacques Roubaud / Je suis un crabe ponctuel - Anthologie personnelle 1967-2014