« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

CHANSON À RECULONS


 




Monté dare-dare sur mon cheval Pied,

Moi qui né pour, qui n’est point, qui n’est plus

Qu’une épine que j’existe

Dans son propre pied,

J’ai pour une main cinq galons,

Dans le temps j’ai un : Allons !

J’ai à la tête un encerclant,

Enserre quand et qui et quoi et clou,

J’ai dans la bouche un trou

Cerné de clous.

 

Mais qu’est-ce que ça ?

Mais qui

Mais qui s’en va-t-a ?…

Voici venir l’Être qui va

Sur l’air de n’être pas.

 

Et des dents et des dents, dedans

J’ai.

Ma tête dans la bouche ne fera pas,

Ne ferme pas ce qu’est affaire de mort,

Comme font les mots de rien

Comme de tout, comme du tout,

N’est pas du tout totalitaire.

 

Mais qui,

Mais qui s’en va-t-à ?…

Le tout sur l’air de pas…

 

C’est ici, l’air roulé à point,

À pas, à plus, à moins qu’une boule,

C’est ici l’air de quoi ?

Mais qu’est-ce que ça ? — qui n’est pas plus —,

Mais qui,

Mais qui s’en va-t-à ?…

Voici venir l’Être qui va

Sur l’air de n’être pas.

Et pour un autre et batterie baptisée Corps

Voici la manivelle Etcétéra…

Jean-Pierre Duprey / Derrière son double - œuvres complètes