« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

XLIV


 


 

        De nombreux poètes ont tenté de décrire l’expérience de l’amour romantique en la distinguant du vulgaire désir. (Soudain honteux, aimerais-je dire, conscient de m'être irrévérencieusement fourvoyé devant une présence souveraine, comme un singe bavard ou un palefrenier pas lavé, ayant perdu ma langue, tremblant, craignant de rester et ne voulant pourtant pas m’en aller, car ce lieu est, entre tous, celui où il fait bon se trouver…) Mais n’a-t-on pas eu des expériences analogues (d’une rencontre surnaturelle) dans des contextes non humains ? (Je me rappelle être tombé, de façon inattendue, sur une fonderie abandonnée, dans le massif du Harz.) Qu’est-ce qui fait donc la différence dans le contexte humain ? Le vulgaire désir ?

William H. Auden / Quand j’écris je t’aime
Traduit de l’anglais par Gérard-Georges Lemaire et Béatrice Vierne