« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

CHANGER


 

 

 

 

Renonce, dis-je, à tes pouvoirs. Rejette

Cette auréole à la mer. Et rougissant

De ton triomphe, abreuve-toi de honte,

Car tu n’es rien — pas même l’écriture

Ou son reflet. Un corps alimentaire.

 

Va ! Rétrécis le cercle du domaine

Jusqu’au garrot pour étreindre ton col,

Vieux chien de garde oublieux des abois

Quand on poignarde en tous les lieux du monde.

 

Eveille-toi pour que mort ne te morde,

Pour que le ver s’éloigne de ton ventre.

Serais-tu sang de l’arbre, que l’écorce

Ne garderait pas trace de ton nom.

Robert Sabatier / Icare et autres poèmes